Congo – Bonne gouvernance : Clap de fin de la première phase de l’opération de déclaration des conflits d’intérêts

La Haute Autorité de Lutte contre la Corruption (HALC) a organisé du 16 mars au 30 avril 2024 à Brazzaville, une opération de déclaration des conflits d’intérêts aux agents de l’Etat qui occupent une responsabilité publique. Les 30 avril dernier, en ce qui concerne la dernière journée de ladite opération, nombre d’entre eux, sont passés devant le président de cette institution, Emmanuel Ollita Ondongo, parmi lesquels, le président de l’Assemblée nationale, Isidore Mvouba et de son Bureau, le chef de fil de l’opposition congolaise, Pascal Tsaty Mabiala et les différents directeurs et autres conseillers de la République qui ont clos la première phase.

Quinze jours durant, le siège de la Haute Autorité de la Lutte contre la Corruption – HALC – a mené l’opération de déclaration de conflits d’intérêts.

Le président de la Halc, Emmanuel Ollita Ondongo a reçu près de 349 mandataires de l’Etat inscrits pour cette première phase de l’opération.

Après leur déclaration des conflits d’intérêts devant Emmanuel Ollita Ondongo, président de la Haute Autorité de Lutte contre la Corruption, Isidore Mvouba, président de l’Assemblée nationale et Pascal Tsaty Mabiala.

Isidore Mvouba, président de l’Assemblée nationale, s’exprimant devant la presse après avoir a salué l’initiative prise par la HALC et félicite l’abnégation de son président, Emmanuel Ollita Ondongo.

« Je ne peux pas dire que je sors de là, soulagé, puisque, c’est le cœur léger que je viens de passer cet examen entre guillemet. Vous savez, dans le cadre de la lutte contre les antivaleurs, le Président de la République, chef de l’Etat, a mis en place l’institution que mon aîné préside, et je constate au passage que, le travail qui est fait, il le fait avec beaucoup de qualité, avec beaucoup de professionnalisme », a-t-il déclaré.

Par ailleurs, force est de constater que c’est une opération qui est la bienvenue. « Parce que, il s’agit là en réalité, d’une opération qui, ailleurs se fait appeler, ’’mains propres’’ que je viens de passer. Qui concourt à l’amélioration de la gouvernance de notre pays. Mes mains sont propres et elles le sont toujours. J’ai fait ma déclaration », a renchéri Isidore Mvouba.

Pour le chef de fil de l’opposition, l’initiative est d’autant plus louable et devrait faire l’objet de plus d’engouement dans l’applicabilité.

Selon Pascal Tsaty Mabiala, le plus important n’est pas de faire, mais plutôt d’agir, de réprimer ceux qu’on suppose être des présumés. « Hier c’était, quand je dis hier, cela veut dire, il y a quelques mois, c’était la déclaration du patrimoine devant le président de la Cour Suprême. Aujourd’hui, c’est la déclaration de prévention des conflits d’intérêt pour ceux qui seraient en situation réelle, potentielle ou apparente. Nous renforçons ainsi, le dispositif législatif et règlementaire de cette lutte contre les antivaleurs dans laquelle nous nous sommes engagés, et c’est une très bonne chose. Mais que cela ne soit pas simplement le fait de faire plaisir aux institutions financières internationales, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, notamment, qui demande au Congo, de mettre de l’ordre dans la gestion des affaires publiques, singulièrement d’y mettre plus de transparence », a-t-il rappelé.

Le chef de l’opposition a cependant fustigé l’attitude de l’Etat, du gouvernement, qui souvent donne l’impression de ne pas aller au bout des choses. « Mais il faut que cela soit une réelle volonté de l’Etat, du gouvernement, des Congolais notamment, d’aller jusqu’au fond des choses. De faire en sorte que demain nous ayons une société qui, du point de vue des mœurs, soit plus assaini, parce que, effectivement nous ne sommes pas les meilleurs en matière de gestion de la chose publique, je le dis, parce que, j’en sais quelque chose. Donc, si tout ce qui se fait, pour renforcer ce dispositif, législatif, règlementaire va dans ce sens, comment ne pas être heureux de ce que nous sommes en train de faire ».

D’ailleurs, Tsaty Mabiala a fait remarquer une chose très capitale en ce qui concerne des telles opérations.

« Mais, en même temps, il y a un temps pour la pédagogie, il y a un temps pour la répression. On devrait maintenant passer à la répression que ce que nous déclarons, ce que nous faisons se constatons se constate sur le terrain. Tenez ! Je vous donne un petit exemple : l’enrichissement illicite. C’est bel et bien reconnu par le droit pénal. On peut donc sanctionner. Et les magistrats peuvent enquêter, pour vu qu’ils aient les moyens, l’autorisation d’enquêter sur tous ceux qui, manifestement se présentent avec des patrimoines exorbitant, qui ne se justifient pas, par rapport au revenu officiel qu’ils ont. Peu importe ! Mais que vous ayez un patrimoine qui soit supérieur de loin qui ne peut pas se justifier par vos revenus, ça, on pouvait déjà avoir presque tous les jours, des gens que seraient conduit devant les magistrats, devant le pôle financier pour réprimer tous ces cas délictueux », a expliqué le chef de l’opposition congolaise.

« Or, ce que nous constatons, apparemment, semble être autre chose. Maintenant, s’il manquait à ce dispositif ce que nous sommes en train de faire, si ça va dans ce sens, c’est merveilleux pour la République. Mais que ça ne soit pas simplement pour contenter, pour faire plaisir aux institutions financières, qui nous le demande en réalité. Optimisme ou pas, attendons de voir, une chose est de déclarer, une autre chose est de constater la véracité, la conformité desdites déclarations. C’est lorsque nous constaterons la répression que nous pourrions dire que là on est sérieux maintenant », a conclu Pascal Tsaty Mabiala.

Rappelons que cette première phase de l’opération de déclaration des conflits d’intérêts n’a concerné que la ville capitale et espérons que la deuxième phase concernera l’intérieur du pays.

Signalons que l’opération de déclaration des conflits d’intérêts des personnes investies d’une mission de service public est en conformité des dispositions du décret numéro 2022-467 du 3 août, fixant les modalités de prévention et de gestion des conflits d’intérêts. C’est une opération prévue par la loi, donc constitutionnelle.

VALDA SAINT-VAL/Les Échos du Congo-Brazzaville